Né à Paris le 2 septembre 1923, Gildas Forey passe son enfance en région parisienne. Il a 19 ans lorsque la 2nde guerre mondiale éclate et bouleverse son quotidien. Avec son père et son jeune frère, ils s’engagent, à leur échelle, dans la Résistance.
« Dans l’appartement où ils vivaient à Neuilly-sur-Seine, ils fabriquaient des cartes d’identité pour des tas de gens. Ils avaient tous les tampons et tout ce qu’il fallait pour faire des fausses cartes d’identité. », explique Dominique, le fils de Gildas.
Gildas, en plus de livrer à vélo les faux-papiers avec son frère, s’improvise aussi artificier. « Il posait les bombes sous les trains allemands à Bercy et à la Porte de la Villette. Il aimait me dire « oh, quand ça pétait un grand coup, ça faisait un feu d’artifices extraordinaire ! » (rires). », poursuit son fils.
À la fin de la guerre, Gildas est embauché dans une grande société de production d’engrais. Il y fera toute sa carrière. « C’était lui qui était en charge des accréditations internationales de toutes les usines que le groupe avait spécialement en France mais aussi en Europe. », précise Dominique.
À 37 ans, Gildas se marie et avec sa femme, ils achètent un appartement à Ivry-sur-Seine (94). Ils y vivront toute leur vie commune. En 1962, le couple accueille leur unique enfant : Dominique.
La famille, passionnée par les voyages, parcourt le monde entier notamment l’Asie où vit le frère de Gildas puis plus tard Dominique.
D’ailleurs, cet amour pour l’Histoire et les voyages, Gildas la transmet à son fils mais aussi à tous les jeunes qu’il croisera plus tard chez les Petits Frères des Pauvres : « Nous avions développé une véritable amitié et nous parlions de beaucoup de sujets. C’était quelqu’un de cultivé. On parlait de l’actualité ensemble, de sa jeunesse ou de nos vies personnelles… », confie Sébastien Langevin, des Petits Frères des Pauvres.
Se rendre utile aux Petits Frères des Pauvres
Gildas qui aime s’occuper et se rendre utile devient bénévole chez les Petits Frères des Pauvres en 1986. À cette époque, l’Association recherche des bénévoles pour l’aider dans la gestion des dons.
« Ils étaient tout un groupe de bénévoles qui ouvraient les enveloppes de dons, triaient les courriers… Lorsque la collecte s’est développée et que tout s’est professionnalisé un petit peu, nous avons sous-traité l’ensemble de leurs missions. Nous n’avons donc plus eu besoin de leur aide sur cette tâche-là. », se souvient Christine Lutran, chargée des partenariats pour les Petits Frères des Pauvres.
En parallèle, une autre opération prend de l’ampleur : celle des petits bonnets avec la marque innocent. Chaque année, des tricoteuses et tricoteurs sont invités à tricoter un maximum de petits bonnets en laine qui sont ensuite apposés sur des petites bouteilles de smoothies.
Notre petit groupe de bénévoles se voit proposer de participer à cette opération : il faut ouvrir les nombreux colis de bonnets qui arrivent, compter les créations, les trier par paquet de 10…
Gildas est l’un des premiers à participer à cette opération avec ce groupe de bénévoles et petit à petit, il sera le dernier de la bande à rester bénévole…
Égérie des campagnes de communication
Avec sa bonne humeur, son élégance naturelle et son envie perpétuelle de rendre service, Gildas devient vite le chouchou de notre Association qui lui propose de poser pour ses affiches de communication.
Ainsi, Gildas posera notamment pour des campagnes contre la solitude des personnes âgées à Noël ou la canicule.
Très impliqué sur l’opération des petits bonnets, il est aussi repéré par la marque innocent qui lui propose de participer à des shootings photos pour des affiches ou des annonces dans la presse. « Il est devenu l’icône de l’opération », sourit Sébastien Langevin, anciennement en charge du partenariat avec innocent chez les Petits Frères des Pauvres.
Si Gildas, d’ordinaire très discret, ose sortir de sa carapace pour les photos, c’est bien parce qu’il a envie de rendre service ! « Je pense qu’il était toujours heureux de se rendre utile, quelle que soit la manière dont il le faisait. », estime Christine Lutran.
De son côté, son fils se souvient d’une anecdote particulièrement révélatrice du personnage… « Je me souviens avoir pris le métro avec lui une fois et à une station, la personne qui était juste en face de lui regardait l’affiche d’innocent, le regardait juste après, regardait à nouveau l’affiche, le regardait encore et a fini par lui demander « excusez-moi : est-ce que c’est vous ? » et il a répondu « oui, peut-être… mais vous savez, ce n’est pas très important… je ne regarde pas ce genre de choses… ». C’était un peu son esprit, il ne voulait pas être la star, ne voulait pas se mettre en avant. »
Une 2e carrière chez les Petits Frères des Pauvres
Jusqu’à ses 96 ans, Gildas continuait à venir au local des petits bonnets pour aider comme il pouvait. Après plus de 37 ans de bénévolat et près de 50 ans en tant que fidèle donateur, Gildas a laissé une empreinte indélébile au sein de notre Association.
Tous décrivent une personne attentionnée, réservée, à l’écoute des autres et indépendante.
« Je pense qu’à la fin, il a passé plus de temps à travailler pour les Petits Frères des Pauvres que dans la véritable vie active ! (rires). », s’exclame son fils.
Lorsqu’après son Covid-19, Gildas avait perdu en autonomie et avait le moral en berne, les bénévoles des Petits Frères des Pauvres lui ont rendu visite au sein de sa maison de retraite, dans le 13e arrondissement, pour égayer son quotidien.
Après une bronchite qui la profondément affaibli, Gildas Forey s’est éteint paisiblement le 27 février 2023. Au terme d’une cérémonie au Crématorium du Père-Lachaise (75) le 9 mars en présence notamment de sa famille et des Petits Frères des Pauvres, il a rejoint son épouse dans leur caveau familial à Ivry-sur-Seine.