Marie-Louise Verwée naît à Bruxelles au sein d’une famille passionnée de peinture, dont plusieurs membres sont d’ailleurs des artistes reconnus. Elle fait ses armes à l’Académie royale des Beaux-Arts, avec pour mentor Constant Montald, qui a également chapeauté le fameux René Magritte…
Elle se lie aussi d’amitié avec Jacques Van Melkebeke, figure importante de la bande dessinée belge (ami d’Edgar P. Jacobs et Hergé, il a inspiré le personnage de Mortimer).
C’est vers la fin des années 30 qu’elle commence à être reconnue pour son travail pictural.
En 1942, elle épouse Jean-Yves Eichenberger, ingénieur civil des Mines. La carrière d’Eichenberger est couronnée de succès et permet au couple de beaucoup voyager. Lorsqu’il est ingénieur aux Houillères nationales du bassin du Nord et du Pas-de-Calais, Marie-Louise peint des portraits de mineurs remarquables, lorsqu’il part en Guinée ou au Sénégal, elle s’en inspire pour des toiles comme la « Danseuse africaine » ou « Femme Soussou ».
Dans l’ensemble, Marie-Louise peindra de très beaux portraits mais aussi des tableaux à l’inspiration religieuse (églises, religieuses…).
Les deux amoureux, épris d’Art et de culture, parcourent donc le monde entier pour des raisons professionnelles. Le couple, très occupé, n’aura pas d’enfant.
Jean-Yves Eichenberger, qui dirige plusieurs commissions et comités, sera également membre du Conseil supérieur de l’Education nationale. Il sera fait Commandeur de la Légion d’honneur, de l’Ordre du Mérite, des Palmes Académiques, de l’Ordre de Saint-Grégoire le Grand et Grand officier de l’Ordre Equestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.
Donateur aux Petits Frères des Pauvres depuis 1962, Jean-Yves Eichenberger évoque avec sa femme l’idée de faire un legs à notre Association.
Dans les années 90, Jean-Yves Eichenberger se rapproche de notre Association pour évoquer sa succession. Une véritable relation de confiance naît entre nos équipes de la recherche de fonds et le couple, notamment sur le devenir de l’œuvre artistique de Madame Eichenberger.
Jean-Yves Eichenberger s’éteint à l’âge de 88 ans, le 28 juillet 2006, à Paris (75), lors d’une opération. À son décès, son épouse ne modifie pas le testament établi en 1999.
De son côté, elle continue à entretenir des liens avec notre Service relations testateurs qui l’entoure beaucoup pendant ce deuil difficile.
Marie-Louise meurt en 2010, à l’âge de 104 ans et sera inhumée à Saint-Savin (86).
Marie-Louise Verwée-Eichenberger, a choisi de léguer la plus grande partie de ses biens aux Petits Frères des Pauvres, ainsi qu’à des associations « amies » des Petits Frères des Pauvres, telles que « Pour Que L’esprit Vive » (fondée également par Armand Marquiset en 1932).
Pour honorer son geste, une exposition itinérante de ses œuvres a mobilisé plusieurs équipes de notre Association dans différentes régions de France en 2012 et 2013.
Le samedi 18 novembre 2017, cet hommage s’est conclu par la vente aux enchères des dessins et tableaux au siège de notre Association à Paris sous le marteau de Me Paul-Marie MUSNIER. Ce legs a participé à nos actions de lutte contre l’isolement.
Gabrielle Gin, c’est l’histoire d’un petit bout de femme déterminée et curieuse qui n’a jamais perdu son optimisme. Née le 18 février 1925 à Le Portel, dans le Pas de Calais, elle a 18 ans lorsqu’en 1943, la 2e guerre mondiale éclate. Elle reste marquée par sa fuite de la ville de Le Portel (62), en pleine nuit, alors qu’elle doit tout quitter avec sa famille lorsque la ville est bombardée. Tous embarqués à bord d’un chalutier, ils arrivent jusqu’au port de Lorient (56), également attaqué par les Allemands. Heureusement, toute la famille finit par trouver refuge chez des religieuses non loin de là, à Locmiquélic (56).
À la fin de la guerre, Gabrielle et sa famille retournent dans leur Pas de Calais natal.
Plus tard, Gabrielle entame une carrière dans le notariat. Un métier qui la passionne véritablement et lui permet de se plonger dans des dossiers parfois complexes.
À 31 ans, en 1956, elle emménage dans la grande maison familiale à Le Portel à deux pas de la mer qu’elle n’a ensuite plus jamais quitté… Une maison qu’elle aimait particulièrement, riche de souvenirs et de moments heureux. Elle expliquait d’ailleurs apprécier « être dans ses souvenirs, quand tout le monde était là ».
Delphine, son auxiliaire de vie qui a été présente jusqu’à son dernier souffle, détaille : « sa maison c’était sa vie, il fallait toujours que ça soit impeccable. Elle ne jetait rien ! ».
Si Gabrielle a bien eu quelques aventures sentimentales, elle met sa vie entre parenthèses pour s’occuper de sa mère malade et l’héberger dans sa grande maison.
Femme indépendante et de fort caractère, Gabrielle endosse toutes les responsabilités sans rechigner.
Une fois sa retraite prise, Gabrielle profite enfin davantage de la vie. Avide de découvertes et très curieuse, elle parcourt le monde avec un petit groupe de voyageurs de la ville de Wimereux (62). Ils eurent notamment la chance de visiter l’Inde du Nord, la Thaïlande, l’Indonésie, Bali, Washington ou encore de faire une croisière au départ de Venise.
Ces dernières années, Gabrielle Gin ne voyageait plus mais disait « vivre un peu à la bohème », libre de ses horaires.
En 2005, Gabrielle contacte pour la première fois les Petits Frères des Pauvres. Elle souhaitait, avec son frère René, prêtre à Calais, nous faire part de leur projet de legs en faveur de notre Association qui vient en aide aux personnes âgées isolées. Elle savait pouvoir compter sur la prévenance et l’expertise de nos équipes qui s’attachent à respecter les biens et à les valoriser mais aussi à conserver les souvenirs intimes (lettres, photos…).
En 2014, aidés par leur ami notaire, René et Gabrielle décident tous deux de faire un legs universel en faveur de l’autre et désignent les Petits Frères des Pauvres comme légataire universel en cas de prédécès du frère ou de la sœur. Pour leurs assurances-vie, ils choisissent de nommer directement l’Association Petits Frères des Pauvres comme bénéficiaire. Le 12 août 2016, au décès de René, grâce aux précautions prises ensemble chez le notaire, Gabrielle hérite de son frère et peut ainsi rester vivre dans sa maison. Les Petits Frères des Pauvres deviennent alors bénéficiaires de l’assurance-vie de René.
Souffrant elle-même de solitude, Gabrielle est particulièrement sensible à cette cause. Heureusement, elle peut compter sur la présence hebdomadaire de son auxiliaire de vie Delphine et sur le pôle relations testateurs des Petits Frères des Pauvres qui prend régulièrement de ses nouvelles. « Je venais une fois par semaine mais on s’appelait régulièrement. Je me suis beaucoup attachée à elle », se souvient Delphine.
Le 19 novembre 2021, à Boulogne-sur-Mer, Gabrielle décède à l’âge de 96 ans. Les Petits Frères des Pauvres lui ont rendu un dernier hommage à ses obsèques au Portel. Conformément à la demande exprimée dans leur testament, nous nous sommes engagés à fleurir deux fois par an et entretenir leur concession familiale pendant au moins dix ans.
Gabrielle a laissé à notre Association un patrimoine immense : des avoirs bancaires, de nombreux bijoux (essentiellement de beaux bijoux marins traditionnels de Boulogne-sur-Mer), sa maison et son mobilier. Ces biens ont été expertisés puis valorisés lors de notre grande vente solidaire à Lille en octobre 2023. Les liquidités et assurances-vie participent à nos actions de lutte contre l’isolement.
Vous connaissez l’entraînant générique de Médiavision diffusé dans les salles de cinéma (Publicité de Jean Mineur) ou les musiques de « La Cage aux rossignols » de Jean Dréville en 1945 ou encore celles d’« Occupe-toi d’Amélie » en 1949. C’est à René Cloërec qu’on en doit la composition.
Le jeune René fait ses études à l’Ecole supérieure de musique de Paris d’où il ressort avec le premier prix de piano en 1928. Il fait ses gammes en tant que pianiste puis chef d’orchestre de music-hall.
Mais très vite, la passion du cinéma l’emporte… Au début des années 40, le cinéaste Claude Autant-Lara lui propose de composer les musiques de son film « Douce ». Les deux compères vont alors former un duo inséparable et le compositeur signe les musiques de tous ses prochains films : « Sylvie et le fantôme » en 1946, « Occupe-toi d’Amélie » en 1949 jusqu’au « Meurtrier » en 1963.
René Cloërec travaille aussi avec d’autres réalisateurs comme René Clément pour « Le père tranquille » (1946), Jean Delannoy pour « Dieu a besoin des hommes » (1950) et Jean Dréville avec « La Cage aux rossignols ».
Enfin il côtoie de près Edith Piaf pour qui il signe : « Paris-Méditerranée », « C’est toi le plus fort », et « Le grand voyage du pauvre nègre ».
Il se retire du cinéma en 1965 pour se consacrer notamment à la scénographie des châteaux de la Loire. Il vit alors des jours heureux aux côtés de son épouse Augustine, avec qui ils n’ont pas d’enfants.
Le couple Cloërec, n’ayant pas d’héritiers, se préoccupe de sa transmission. Prévenants, ils rédigent dès 1964, une donation entre époux pour le dernier survivant. Plus tard, en 1986, ils établissent ensemble un testament qui nomme comme légataires universels plusieurs associations qui leur sont chères dont la Fondation Bersabée – Fondation des Petits Frères des Pauvres.
René Cloërec décède à 84 ans le 13 décembre 1995 et est inhumé au cimetière communal de Vaucresson (92). Quant à Augustine Cloërec, elle s’éteint le 23 septembre 1996 à l’âge de 89 ans faisant alors hériter la Fondation Bersabée de 25 % des droits d’auteur de René Cloërec. Ainsi, la Fondation Bersabée perçoit une rémunération pour l’exploitation de sa musique et doit donner son accord pour la reproduction et la représentation de celle-ci.
Grâce à un legs comme celui-ci, la Fondation Bersabée, créée en 1977 par l’Association les Petits Frères des Pauvres, peut offrir un toit à ceux qui n’en n’ont pas. Ainsi, elle met à disposition des logements individuels ou regroupés en petites unités de vie ou en résidences sociales pour des personnes âgées ou en situation de grande précarité qui sont accompagnées par notre Association ou d’autres organismes.
« Je suis fils d’ébéniste et j’ai encore le souvenir de l’odeur des copeaux de bois dans l’atelier de mon père. », disait René-Jean Caillette.
Après avoir passé son enfance dans l’atelier de son père, il étudie à l’Ecole Supérieure des Arts Appliqués dont il sort major de promotion. René-Jean Caillette poursuit ensuite sa formation dans les ateliers du faubourg Saint-Antoine pour y perfectionner son savoir-faire d’ébéniste.
Dans un contexte d’après-guerre, il est l’un des premiers à s’intéresser à la construction et la production des meubles en série : une idée de génie alors que le besoin de reconstruction est très fort. Avec Marcel Gascoin et Michel Mortier, il fonde l’Association des Créateurs de Mobilier de Série (ACMS) en 1953.
S’il travaille d’abord sur du chêne (très utilisé à l’époque), il expérimente ensuite de nouveaux matériaux comme le contreplaqué, l’inox, le rotin, le plastique, les cuirs ou le capitonnage puis le verre. Il crée notamment la chaise Diamant, considérée comme l’un des plus beaux modèles de l’époque, met au point un canapé-lit qui devient un modèle phare de la marque Steiner et travaille aussi de jolis luminaires avec la marque Disderot.
En bref, il aura profondément marqué l’histoire du design par sa volonté de proposer de beaux meubles de créateurs accessibles à tous.
À ses heures perdues, René-Jean aime peindre et dessiner dans son atelier à Sens (77) où il possède une maison secondaire.
Au-delà de son travail dans lequel il s’accomplit totalement, René-Jean est aussi un homme généreux qui fut longtemps donateur pour les Petits Frères des Pauvres. Il choisit ensuite de nous nommer légataires universels et organise sa transmission en ce sens.
Ainsi, à son décès en 2004 à Sens, notre Association hérite de son appartement parisien meublé par ses créations, de son corps de ferme à Sens et des droits d’auteur et d’exploitation de ses œuvres. En effet, en tant que designer de meubles, il nous cédait ainsi l’autorisation d’exploiter ses dessins pour la réédition future de meubles.
« Nous avons organisé une belle vente aux enchères en 2006 chez Tajan avec son mobilier qui composait une grande partie de son appartement parisien et maintenant, en tant que détenteur de ses droits d’auteur, nous sommes contactés par de grandes maisons de fabricants et de design de meubles pour réaliser des rééditions. Nous avons signé un partenariat avec une de ces maisons et nous touchons des royalties sur la vente des meubles réédités. Aujourd’hui encore, nous continuons de valoriser sa mémoire pour que son style, son œuvre et ses créations perdurent et soient présents chez des particuliers ou dans des hôtels aux quatre coins du monde. Nous nous préoccupons de sa mémoire et de son œuvre comme si nous étions ses enfants ! », détaille Christophe Scheire, Responsable des dons en nature chez les Petits Frères des Pauvres.
Nous nous préoccupons de sa mémoire et de son œuvre comme si nous étions ses enfants !
Christophe Scheire, responsable des dons en nature chez les Petits Frères des Pauvres
Rendre un peu de ce qu’il avait reçu. Ce qui a mené Jean-Pierre René Degavre aux Petits Frères des Pauvres était peut-être écrit dans sa plus tendre enfance. Né sous X à Brive-la-Gaillarde (19) en 1943, il est heureusement adopté 2 ans plus tard par un couple de parisiens. « Si mes parents ne m’avaient pas sorti de là, je serais allé travailler dans une ferme, et j’aurais vécu un enfer car « la terre est trop basse pour moi » sourit-il.
Dès 18 ans, il démarre sa vie professionnelle chez Prisunic (racheté ensuite par Monoprix) en tant que vendeur et grimpe petit à petit les échelons jusqu’à devenir directeur de magasin à 30 ans.
Arrivé à l’âge de la retraite et toujours célibataire, il est frappé par la misère autour de lui. « J’ai vraiment pris conscience qu’il y avait beaucoup de misère autour de nous, peut-être parce que je me suis beaucoup plus promené dans les rues qu’avant », observe-t-il. Juste en bas de chez lui, il constate que devant les locaux d’une association caritative, de nombreuses personnes font la queue mais parmi elles, aucune personne âgée ! Pour lui, c’est la révélation : « Quitte à aider quelqu’un, autant aider des gens qui ne peuvent pas venir jusqu’aux associations ».
Jean-Pierre Degavre commence alors par faire des dons d’argent aux Petits Frères des Pauvres puis à donner chaque année des meubles et des tableaux qui sont revendus lors de nos grandes ventes solidaires.
En mai 2012, il décide de léguer son appartement. Il explique : « J’ai eu le regret de constater qu’en vieillissant les seniors sont souvent abandonnés par leur famille. C’est pourquoi j’ai finalement décidé de désigner l’association des Petits Frères des Pauvres légataire universelle. J’avais plusieurs fois eu l’occasion de lui donner des choses auxquelles je tenais, et je ne l’ai jamais regretté ».
Durant 13 ans, il noue une vraie relation avec notre pôle Relations Testateurs dont les membres deviennent aussi peu à peu des confidents.
Au terme d’une longue maladie, il s’éteint le 6 janvier 2019. Les Petits Frères des Pauvres ont veillé à ses dernières volontés funéraires et ont coorganisé une messe avec ses plus proches en célébrant son humour, sa sensibilité et sa générosité.
J’ai décidé de désigner l’association des Petits Frères des Pauvres légataire universelle. J’avais plusieurs fois eu l’occasion de lui donner des choses auxquelles je tenais, et je ne l’ai jamais regretté.
Jean-Pierre Degavre, donateur
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