Gabriel Bertrand est né le 29 avril 1929 à Paris. Le cours de son destin change soudainement lorsqu’il perd  son père d’un cancer foudroyant et que sa mère, veuve, décide de le placer en nourrice. Il passe son enfance loin de Paris, d’abord dans le Loiret puis au sein d’une famille d’accueil dans le Tarn-et-Garonne. Il regagne le centre de Paris avec sa mère remariée et connait alors la guerre à l’aube de ses 11 ans.

Après la libération, Gabriel Bertrand décide de se prendre en main et commence à travailler aux Halles. Cherchant sa voie, il est rapidement mis en relation avec des responsables scouts, des militants… qui l’entrainent avec lui. C’est ainsi qu’en 1948, à 19 ans, il rencontre Armand Marquiset, fondateur des Petits Frères des Pauvre. Une rencontre marquante pour ce jeune homme touché par l’action lancée à peine deux ans auparavant par Armand Marquiset à l’aide de quelques amis et des jeunes du quartier Saint-Ambroise à Paris (11e).

Gabriel sera le premier à accepter de s’engager totalement et à répondre ainsi au projet qu’Armand avait en créant les « Petits Frères ». Il a alors 20 ans. Il participe notamment aux réveillons organisés par l’Association, des souvenirs qu’il gardera longtemps en mémoire… « Il y avait de jolies nappes, des fleurs sur chaque table, un orchestre pour que nous puissions danser. Nos invités vivaient une vraie fête de Noël comme ils n’en avaient pas connue depuis longtemps ! », se souvenait-il dans l’un de nos articles.

Lors d’une conférence d’Armand Marquiset à Casablanca, au Maroc, c’est la révélation pour Gabriel Bertrand : il se déclare prêt à le suivre ; Armand rentre à Paris et le laisse seul pour fonder les Petits Frères des Pauvres au Maroc.

En 1954, Gabriel Bertrand est une nouvelle fois missionné hors de la France pour étendre l’action. Il part à Naples pour démarrer une action auprès d’enfants pauvres. Puis c’est le retour à Paris, rue Léchevin, à deux pas de l’église Saint-Ambroise (Paris, 11e).

Un départ de l’Association… pour mieux revenir !

Entre temps, l’équipe des « permanents » des Petits Frères des Pauvres s’est étoffée ; plusieurs d’entre eux souhaitent que l’association s’oriente plus nettement vers une sorte d’ordre religieux.

De son côté, Gabriel Bertrand, davantage séduit par la dimension humaniste que religieuse de l’engagement, ne se sent pas attiré par cette orientation. En 1955, à 26 ans, il décide de quitter les Petits Frères des Pauvres et part travailler dans une société de transports. Il se marie la même année, au mois d’octobre, avec Julie, sa compagne depuis 11 ans. Ils auront ensemble deux filles.

Mais 10 ans plus tard, en 1965, lorsqu’Armand Marquiset est sur le point de quitter les Petits Frères des Pauvres pour créer l’association « Frères des Hommes », la question de sa succession dans la recherche de fonds de l’association le préoccupe. Il retrouve Gabriel Bertrand et lui propose de revenir chez les Petits Frères des Pauvres avec un statut de salarié. À cette époque, en effet, les « permanents » n’étaient pas salariés et vivaient encore en communauté.

Gabriel Bertrand, mobilisé pour rechercher des dons et des legs

Gabriel va ainsi « porter » la recherche de fonds de l’association durant plusieurs décennies ; il crée la structure « Edition et Promotion » (par la suite intégrée au sein de l’Association) qui va devenir un outil extrêmement efficace de la recherche de dons et legs. Il met en place un service « relations testateurs » particulièrement exemplaire. Parallèlement, il initie un système performant de ventes solidaires dans les fraternités des objets recueillis dans les successions.

Gabriel mettra toute son énergie et toute cette compétence au service des Petits Frères des Pauvres de France mais aussi du monde entier, que ce soit pour la constitution de mailings donateurs ou l’organisation de ventes aux Etats-Unis, au Québec…

Un homme au chevet du monde

Pour Gabriel Bertrand, l’action des Petits Frères des Pauvres résonnait aussi à l’International. Aussi, il lui arrivait souvent d’intervenir dans les fraternités à l’étranger pour dénouer et résoudre des situations de crise ; au volant de son semi-remorque, on le retrouve livreur de vêtements pour la boutique d’Irlande ou de vivres et de matériel de secours lors de catastrophes humanitaires…

« Doté d’une énergie incroyable, animé par une foi inébranlable dans les Petits Frères des Pauvres, guidé par une intuition parfois géniale, Gabriel est l’homme de toutes les circonstances. Et pour compléter le tout, il avait un don exceptionnel pour raconter des histoires, surtout celles de la belle époque d’Armand. », se rappelle avec tendresse Michel Chegarey, ancien Président de notre Association (de 2008 à 2015) et aujourd’hui bénévole à la Direction.

Une retraite auprès de notre Association…

Une fois à la retraite, il n’était pour autant pas question de prendre congé de notre Association… Gabriel Bertrand a consacré une grande part de son énergie et de sa passion en étant bénévole pour le Centre de Rencontre des Générations (dont il est l’un des initiateurs) et à la Fondation Othenin-Girard (du nom des donateurs de Mont-Evray).

Jusqu’à la fin, Gabriel a gardé le contact avec les Petits Frères des Pauvres ; pour lui, « la formidable aventure » qu’il raconte dans son livre Soyez la vie, paru en 2015, ne s’est jamais arrêtée.

Le 29 juin 2024, notre fidèle salarié et bénévole de la toute première heure s’est éteint bien entouré. Une célébration a été organisée en l’Eglise Saint-Pierre à Charenton-le-Pont le mardi 9 juillet 2024 en présence de représentants de notre Association.

« Merci Gabriel, pour ce que tu étais, pour tout ce que tu as initié, organisé et construit au sein des Petits Frères des Pauvres. Merci de nous avoir transmis ton enthousiasme et les valeurs qui te guidaient. À nous de continuer à faire vivre le relais que nous as tendu. 

Au revoir Gabriel. », remercie Anne Géneau, Présidente de notre Association.

Doté d’une énergie incroyable, animé par une foi inébranlable dans les Petits Frères des Pauvres, guidé par une intuition parfois géniale, Gabriel est l’homme de toutes les circonstances.

Michel Chegaray

Odette Marchadier nait à Saint-Junien, en Haute-Vienne, et passe son enfance dans les terres limousines. Elle y fait ses études et commence sa carrière comme cuisinière auprès d’une famille bourgeoise de gantiers. C’est là qu’elle se passionne pour la cuisine et le dressage soigné de ses plats.

En 1957, elle se marie avec celui qui sera le père de son fils, rencontré dans le Limousin.

Le couple décide de partir s’installer à Paris. Odette est embauchée comme secrétaire de Direction au Printemps, boulevard Haussmann.

En 1971, c’est la naissance du petit Vincent qui comblera le couple. 7 ans plus tard, en 1978, la famille choisit de revenir aux sources et de retourner près de leurs familles respectives, dans le Limousin. Le mari d’Odette obtient sa mutation à Limoges mais pour Odette, c’est la déception, malgré de nombreuses recherches, elle ne retrouve pas d’emploi.

« Je pense que c’est aussi ce qui a motivé son engagement pour des associations, notamment les Petits Frères des Pauvres. Elle voulait vraiment se sentir utile. », explique son fils, Vincent.

En 1990, à 58 ans, Odette Marchadier est en pleine randonnée lorsqu’elle rencontre des personnes qui lui parlent des Petits Frères des Pauvres. L’idée lui plait immédiatement et elle se lance dans la création des Petits Frères des Pauvres de Limoges avec 2 autres bénévoles. « Elle m’avait raconté en riant que les Petits Frères des Pauvres de Limoges étaient nés sur un sentier de randonnée », sourit Jean-Luc Brustis, directeur de la région Sud-Ouest.

Son caractère de volontaire parvient à fédérer autour d’elle une petite équipe de bénévoles qui grandit de plus en plus. Elle y assume les visites à domicile, les séjours de vacances et surtout institue les fameux repas mensuels de l’équipe, hérités de sa passion pour la cuisine. « C’était une excellente cuisinière qui préparait des repas pour une douzaine, quinzaine de personnes. C’était très soigneux, toujours bien présenté », se rappelle Marie-Claude, bénévole et trésorière de l’équipe. Aline, bénévole aussi, abonde : « Cela fait 10 ans que je suis bénévole, c’est toujours elle qui faisait le repas avec une autre personne. Entrée, plat, dessert, tout était prévu !».

Tout au long de ses années de bénévolat, Odette restera présente pour l’Association sans toutefois vouloir devenir responsable de l’équipe. « Elle faisait partie du conseil d’équipe, était membre active de notre Association mais ne souhaitait pas aller au-delà », se souvient Jean-Luc Brustis.

Odette faisait également régulièrement des dons à notre Association.

Une figure de référence dans l’équipe de Limoges

Si Odette n’endosse pas de responsabilités, elle n’en demeure pas moins une figure emblématique sur laquelle on pouvait compter, dans les bons comme les mauvais moments…

« Lorsque l’équipe traversa une zone de turbulences il y a quelques années, Odette était là pour rappeler l’essentiel et faire en sorte que l’équipe redémarre », souligne le directeur régional.


Un message confirmé par Aline, bénévole « Quand je suis arrivée, nous étions 8 dont Odette. Aujourd’hui, nous sommes une cinquantaine. Odette était réservée mais elle a toujours œuvré pour les autres ».

Marie-Claude ajoute : « Odette était toujours présente, accueillante. Elle était d’une humeur constante, contrairement à moi ! Elle prenait soin de chacun, avait un mot pour chacun ».

Un engagement jusqu’au bout…

Si Odette a une passion pour la marche qu’elle pratique régulièrement au sein de deux associations, elle est surtout très engagée pour les Petits Frères des Pauvres. Elle n’hésite d’ailleurs pas à recruter son mari pour devenir chauffeur à l’occasion des sorties, réveillons…

En 2020, son dernier accompagnement d’une personne âgée s’arrête mais elle poursuit les activités collectives. Aussi dynamique que volontaire, Odette demeure très active et son quotidien est rythmé par ses différentes missions.

Jusqu’il y a peu, en 2023, du haut de ses 91 ans, elle venait encore assister aux retrouvailles au sein du local de Limoges.

Contrainte de s’arrêter il y a quelques mois pour des problèmes de santé, elle restait régulièrement en contact avec les bénévoles de l’équipe.

Le 29 septembre 2023, Odette Marchadier s’en est allée définitivement. Après une cérémonie au sein de l’Eglise Saint-Joseph à Limoges où l’équipe était présente, elle a été incinérée dans la plus stricte intimité.

Lorsque l’équipe traversa une zone de turbulences il y a quelques années, Odette était là pour rappeler l’essentiel et faire en sorte que l’équipe redémarre

Jean-Luc Brustis

Né à Paris le 2 septembre 1923, Gildas Forey passe son enfance en région parisienne. Il a 19 ans lorsque la 2nde guerre mondiale éclate et bouleverse son quotidien. Avec son père et son jeune frère, ils s’engagent, à leur échelle, dans la Résistance.

« Dans l’appartement où ils vivaient à Neuilly-sur-Seine, ils fabriquaient des cartes d’identité pour des tas de gens. Ils avaient tous les tampons et tout ce qu’il fallait pour faire des fausses cartes d’identité. », explique Dominique, le fils de Gildas.

Gildas, en plus de livrer à vélo les faux-papiers avec son frère, s’improvise aussi artificier. « Il posait les bombes sous les trains allemands à Bercy et à la Porte de la Villette. Il aimait me dire « oh, quand ça pétait un grand coup, ça faisait un feu d’artifices extraordinaire ! » (rires). », poursuit son fils.

À la fin de la guerre, Gildas est embauché dans une grande société de production d’engrais. Il y fera toute sa carrière. « C’était lui qui était en charge des accréditations internationales de toutes les usines que le groupe avait spécialement en France mais aussi en Europe. », précise Dominique.

À 37 ans, Gildas se marie et avec sa femme, ils achètent un appartement à Ivry-sur-Seine (94). Ils y vivront toute leur vie commune. En 1962, le couple accueille leur unique enfant : Dominique.

La famille, passionnée par les voyages, parcourt le monde entier notamment l’Asie où vit le frère de Gildas puis plus tard Dominique.

D’ailleurs, cet amour pour l’Histoire et les voyages, Gildas la transmet à son fils mais aussi à tous les jeunes qu’il croisera plus tard chez les Petits Frères des Pauvres : « Nous avions développé une véritable amitié et nous parlions de beaucoup de sujets. C’était quelqu’un de cultivé. On parlait de l’actualité ensemble, de sa jeunesse ou de nos vies personnelles… », confie Sébastien Langevin, des Petits Frères des Pauvres.

Se rendre utile aux Petits Frères des Pauvres

Gildas qui aime s’occuper et se rendre utile devient bénévole chez les Petits Frères des Pauvres en 1986. À cette époque, l’Association recherche des bénévoles pour l’aider dans la gestion des dons.

« Ils étaient tout un groupe de bénévoles qui ouvraient les enveloppes de dons, triaient les courriers… Lorsque la collecte s’est développée et que tout s’est professionnalisé un petit peu, nous avons sous-traité l’ensemble de leurs missions. Nous n’avons donc plus eu besoin de leur aide sur cette tâche-là. », se souvient Christine Lutran, chargée des partenariats pour les Petits Frères des Pauvres.

En parallèle, une autre opération prend de l’ampleur : celle des petits bonnets avec la marque innocent. Chaque année, des tricoteuses et tricoteurs sont invités à tricoter un maximum de petits bonnets en laine qui sont ensuite apposés sur des petites bouteilles de smoothies.

Notre petit groupe de bénévoles se voit proposer de participer à cette opération : il faut ouvrir les nombreux colis de bonnets qui arrivent, compter les créations, les trier par paquet de 10…

Gildas est l’un des premiers à participer à cette opération avec ce groupe de bénévoles et petit à petit, il sera le dernier de la bande à rester bénévole…

Égérie des campagnes de communication

Avec sa bonne humeur, son élégance naturelle et son envie perpétuelle de rendre service, Gildas devient vite le chouchou de notre Association qui lui propose de poser pour ses affiches de communication.

Ainsi, Gildas posera notamment pour des campagnes contre la solitude des personnes âgées à Noël ou la canicule.

Très impliqué sur l’opération des petits bonnets, il est aussi repéré par la marque innocent qui lui propose de participer à des shootings photos pour des affiches ou des annonces dans la presse. « Il est devenu l’icône de l’opération », sourit Sébastien Langevin, anciennement en charge du partenariat avec innocent chez les Petits Frères des Pauvres.

Si Gildas, d’ordinaire très discret, ose sortir de sa carapace pour les photos, c’est bien parce qu’il a envie de rendre service ! « Je pense qu’il était toujours heureux de se rendre utile, quelle que soit la manière dont il le faisait. », estime Christine Lutran.

De son côté, son fils se souvient d’une anecdote particulièrement révélatrice du personnage… « Je me souviens avoir pris le métro avec lui une fois et à une station, la personne qui était juste en face de lui regardait l’affiche d’innocent, le regardait juste après, regardait à nouveau l’affiche, le regardait encore et a fini par lui demander « excusez-moi : est-ce que c’est vous ? » et il a répondu « oui, peut-être… mais vous savez, ce n’est pas très important… je ne regarde pas ce genre de choses… ». C’était un peu son esprit, il ne voulait pas être la star, ne voulait pas se mettre en avant. »

Une 2e carrière chez les Petits Frères des Pauvres

Jusqu’à ses 96 ans, Gildas continuait à venir au local des petits bonnets pour aider comme il pouvait. Après plus de 37 ans de bénévolat et près de 50 ans en tant que fidèle donateur, Gildas a laissé une empreinte indélébile au sein de notre Association.

Tous décrivent une personne attentionnée, réservée, à l’écoute des autres et indépendante.

« Je pense qu’à la fin, il a passé plus de temps à travailler pour les Petits Frères des Pauvres que dans la véritable vie active ! (rires). », s’exclame son fils.

Lorsqu’après son Covid-19, Gildas avait perdu en autonomie et avait le moral en berne, les bénévoles des Petits Frères des Pauvres lui ont rendu visite au sein de sa maison de retraite, dans le 13e arrondissement, pour égayer son quotidien.

Après une bronchite qui la profondément affaibli, Gildas Forey s’est éteint paisiblement le 27 février 2023. Au terme d’une cérémonie au Crématorium du Père-Lachaise (75) le 9 mars en présence notamment de sa famille et des Petits Frères des Pauvres, il a rejoint son épouse dans leur caveau familial à Ivry-sur-Seine.

Pierre Mercadier, curé de la paroisse de Saint-Ambroise à Paris, rencontre les Petits Frères des Pauvres pour la première fois à Paris au début des années 1970 lors d’une brocante de notre Association, rue Léchevin (Paris, 11e). Déjà collectionneur chevronné à cette époque, il est étonné de constater que les objets en vente sont proposés à des prix bien en-dessous de leur valeur. Il en informe le responsable local qui lui propose aussitôt de rejoindre l’Association pour l’aider dans la valorisation des objets qui lui sont donnés. Proposition acceptée avec enthousiasme par Pierre !

Avec quelques bénévoles, « le Père Mercadier prend en charge à cette époque tous les dons et legs de ses domaines favoris : les timbres, les cartes postales, les monnaies et les billets, les décorations et les médailles qu’il trie, classe et valorise en les proposant aux ventes organisées par l’Association. » se souviennent Jean et Alain, bénévoles des pôles Numismatique et Philatélie des Petits Frères des Pauvres.

Plus tard, les dons de timbres devenant de plus en plus nombreux, une autre équipe spécialement dédiée à la Philatélie sera créée.

Un bénévole totalement dévoué et passionné

« Au cours des années qui suivent, il assurera, sans compter son temps, de nombreuses ventes tant à Paris qu’à Lille, Nantes, Lyon, Marseille, contribuant fortement à faire connaître l’Association et son œuvre. », se rappellent ses amis bénévoles Jean et Alain.

Véritablement passionné par la numismatique et la philatélie, le Père Mercadier met toutes ses compétences au service des Petits Frères des Pauvres.

« Doté de vastes qualité humaines, Pierre Mercadier était l’exemple parfait du bénévole engagé et du bénévolat totalement désintéressé. Il ne recherchait aucune reconnaissance, aucune gloire personnelle », ajoutent ses amis.

Des qualités et des connaissances immenses qui font de lui un véritable soutien pour tout le pôle Numismatique. « Toutes celles et tous ceux qui l’ont connu, notamment lors des ventes dont il était un pilier, n’oublieront pas sa grande bonté, son sens de l’écoute et sa grande disponibilité », remercie Michel Chegaray, ancien Président de notre Association (de 2008 à 2015) et aujourd’hui bénévole à la Direction.

En dehors de ses activités pour les Petits Frères des Pauvres, le Père Mercadier est aumônier au sein de plusieurs hôpitaux de la Capitale (Saint-Joseph, La Croix Saint-Simon…). Il n’hésite jamais quand il s’agit de célébrer une messe pour la disparition d’un salarié ou d’un bénévole de notre Association.

En 2019, Pierre Mercadier prend la décision d’arrêter son bénévolat. Auparavant, il aura consacré toute son énergie à transmettre l’expérience acquise à ceux qui prendront le relais, et il aura fait don aux Petits Frères des Pauvres de ses collections patiemment et magnifiquement constituées.

Le Père Mercadier s’est éteint le 29 août 2022 à l’âge de 97 ans. Il repose à présent dans le caveau des Douze Apôtres, au cimetière du Montparnasse (Paris, 14e). Avec 44 ans de bénévolat, Pierre Mercadier était l’un des plus anciens et fidèles bénévoles des Petits Frères des Pauvres.

Toutes celles et tous ceux qui l’ont connu, notamment lors des ventes dont il était un pilier, n’oublieront pas sa grande bonté, son sens de l’écoute et sa grande disponibilité

Michel Chegaray

Né en 1944 à Roubaix (59), Yves Louage entre à l’ITR (Institut Technique Roubaisien) qui formait à l’époque des ingénieurs généralistes avec une dominante textile. Mais sa carrière prend un tout autre tournant après sa rencontre avec le fondateur de notre Association, Armand Marquiset, en 1962. Il y est alors « auxiliaire », c’est-à-dire bénévole.

En 1965, il entre comme permanent chez les Petits Frères des Pauvres. Dès 1970, il accède à la fonction de responsable de la Fraternité de Lille.

Décrit par ses pairs comme quelqu’un de réservé, de discret, mais aussi de généreux et de chaleureux, Yves Louage est toujours disponible.

C’est ainsi qu’il est nommé secrétaire général de l’Association en 1983 par le Président de l’époque, Henri Vannerot.

Sous son inflexion, l’Ensemble Petits Frères des Pauvres se structure et se développe avec la création des Fraternités thématiques (Grande précarité St Maur, Accompagnement des malades en fin de vie). Il s’engage dans la création de la Fédération des Associations Amis des Petits Frères des Pauvres, du CRG (Centre de Rencontre des Générations) à Mont-Evray (41) et d’une nouvelle fraternité territoriale à Toulouse, ainsi qu’à Berlin dans le cadre de la fédération internationale au sein de laquelle il s’investit beaucoup.

 

Marié, il est père de 3 trois enfants que sont Selvam, Shanti et Aghylan.

Il restera secrétaire général de notre Association jusqu’en 2003. Cette année-là, il écrit et publie « La mer est faite de gouttes d’eau », qui relate l’histoire des Petits Frères des Pauvres. « Il y parle de valeurs, de sens, de projets, de racines et d’avenir pour notre Association. », décrit Alain Villez, président de notre Association.

Une vie dédiée aux Petits Frères des Pauvres

À titre plus personnel, Yves Louage est un homme engagé. Il s’intéresse aussi à l’Inde où il prend la responsabilité d’un atelier d’insertion, « Atelier Au Fils d’Indra » et celle d’un orphelinat à Pondichéry, où il séjournait au moins 3 mois par an depuis sa retraite.

Au sein de la Fraternité de Lille, il laisse un souvenir impérissable… celui de ses vocalises (il aimait pousser la chansonnette) et de sa fameuse dinde de Noël qu’il préparait pour les réveillons.

Jusqu’au bout de sa vie, Yves Louage n’a cessé de lutter contre l’isolement des aînés aux côtés des Petits Frères des Pauvres. Homme de valeurs, il a contribué au développement et à la structuration de l’Association.

« Nous lui devons beaucoup et je souhaite que, par ces quelques mots, hommage lui soit rendu ! Du fond du cœur, merci Yves… », remercie Alain Villez.

Le 18 août 2022, Yves Louage s’est éteint des suites d’une longue maladie à l’âge de 78 ans. Il repose à Lambersart (59) auprès de sa fille Shanti.

Né en France, Hubert de Ravinel y fait ses études en droit puis en sciences politiques. Après son service militaire et ne se sentant pas prêt à embrasser tout de suite une carrière professionnelle, il rejoint les Petits Frères des Pauvres à Paris et partage l’idéal du fondateur de notre Association, Armand Marquiset.

Puis il quitte la France pour seconder le fondateur de l’antenne des Petits Frères des Pauvres à Chicago durant 2 ans.

Il arrive ensuite à Montréal en 1962. C’est là qu’il cofonde « Les petits frères des pauvres du Québec » dont il sera le directeur jusqu’en 1977.

« Lorsque Hubert de Ravinel a cofondé « Les petits frères des pauvres », nom que l’organisme revêtait au moment de sa fondation, la Révolution tranquille battait son plein au Québec. Les yeux étaient résolument tournés vers l’avenir, mais beaucoup moins sur les personnes âgées, désignées comme « vieillards » à l’époque. », notent Caroline Sauriol, Directrice générale de la Fondation des Petits Frères et Martin Goyette, Directeur général de la Corporation des Petits Frères dans un texte d’hommage.

Installés dans une ancienne maison de chambres rue Bleury à Montréal, les Petits Frères du Québec accueillent des personnes âgées et de jeunes bénévoles pour des activités collectives, des moments de partages… Comme Hubert de Ravinel le décrit pour Radio Canada en novembre 1970 : « on fête, on se retrouve, on se raconte notre semaine, on prend un repas, on boit aussi, et puis on essaie de vivre d’une façon jeune et surtout de se redécouvrir au-delà d’une vie quotidienne qui nous sépare souvent ».

Aujourd’hui, les Petits Frères des Pauvres du Québec comptent plus de 2500 bénévoles répartis à travers toute la province et perpétuent l’engagement d’Hubert de Ravinel. « À ces personnes du grand âge qui répondent souvent qu’elles n’ont besoin de rien, qu’il n’y a plus qu’à attendre que le temps passe et qu’il ne leur appartient plus de rêver, Hubert de Ravinel a dit : « Vous comptez à nos yeux, votre vie et vos rêves ont encore de l’importance, et nous serons avec vous jusqu’au bout de la vie. » C’est donc armé de ses fleurs et son indéfectible détermination qu’Hubert de Ravinel a mené cette « révolution » dans la considération et le traitement de celles et ceux à qui nous sommes tant redevables, les personnes aînées. », estiment Caroline Sauriol et Martin Goyette.

Un vif intérêt pour nos aînés et le vieillissement

En plus de ses missions au sein de l’Association, Hubert de Ravinel s’intéresse particulièrement au vieillissement. Il va d’ailleurs enseigner la gérontologie aux niveaux universitaire et collégial de 1977 à 1998. Il sera également membre fondateur de l’Association québécoise de gérontologie.
Il publie aussi plusieurs ouvrages sur le vieillissement et participe ou anime de nombreuses émissions de radio et de télévision sur ce sujet. Il va même tenir une chronique hebdomadaire dans le quotidien La Presse.

Côté vie personnelle, il se marie en 1974 avec Claire dont il aura deux filles Catherine et Anne, qui le combleront de joie avec cinq petits-enfants.

Tous ces mérites lui ont valu une forte reconnaissance au Québec et en France. En 1995, il est nommé Chevalier de l’Ordre de la Pléiade puis chevalier de l’Ordre national du Québec en 2002. Enfin, en 2012, au nom du Président de la République française, il est fait Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur.

Il s’éteint à Montréal le 14 février 2022 à l’âge de 88 ans.

Crédit photo : Christine Bourgier, photographe 

On essaie de vivre d’une façon jeune et surtout de se redécouvrir au-delà d’une vie quotidienne qui nous sépare souvent.

Hubert de Ravinel

Jean Jeanpierre a connu une vie professionnelle très variée avant de trouver sa voie en tant qu’ingénieur informatique au sein de la société BP.

Alors qu’il bénéficie d’une retraite assez précoce, Jean passe beaucoup de temps à s’occuper de la mère malade de son épouse qui bénéficie de soins à leur domicile. Une vraie révélation pour lui ! «
Il parlait beaucoup avec les infirmiers et les auxiliaires qui s’occupaient de maman et tous lui disaient à quel point elle avait de la chance d’être à domicile et de nous avoir. Il a alors pris conscience que certains aînés étaient seuls et il a cherché à les aider. Pour lui, les Petits Frères des Pauvres répondaient en tous points à ce qu’il voulait faire », se rappelle Marie-Carmen, son épouse.

C’est ainsi que Jean intègre Les Petits Frères des Pauvres de Maisons-Alfort en octobre 2004. Il s’y engage pleinement pour visiter les personnes âgées isolées des environs et n’hésite pas à s’investir aussi dans la vie de l’équipe. « Je crois qu’il a participé à toutes les commissions qui existaient et qu’il faisait également partie de la gazette », précise sa femme.

Fondateur des Petits Frères des Pauvres Villeneuve Le Roi / Orly / Ablon

Pour Jean, qui habite Villeneuve-le-Roi depuis plus de 20 ans, l’absence d’équipe des Petits Frères des Pauvres au sein de sa commune est une frustration. Plus motivé que jamais, il décide de créer sa propre équipe avec quelques bénévoles de sa connaissance dont sa femme et sa belle-sœur. Ainsi, en 2014, l’équipe AVRO voit le jour pour accompagner les personnes isolées au sein de la commune. Rapidement, l’équipe s’est ensuite développée sur la ville d’Ablon-sur-Seine, puis Orly.

« Pour Jean, aller à Maisons-Alfort alors qu’à côté de chez lui, il y avait des besoins, c’était absurde ! Il s’est battu pour monter cette équipe et aujourd’hui, c’est une réussite… », confie Marie-Carmen.

Désormais, l’équipe compte 25 bénévoles et accompagne plus d’une vingtaine de personnes âgées.

Jean, un pillier pour l'équipe de bénévoles et des personnes accompagnées.

Jean, la gentillesse incarnée

De Jean, tous retiennent sa profonde gentillesse, son écoute, ses mots toujours bien placés, sa discrétion et son humilité. Ils évoquent aussi son sourire et son visage lumineux qui dégageaient une chaleur communicative. Des qualités qui ont fait de lui un modèle, un exemple à suivre pour tous les bénévoles de l’équipe Villeneuve Le Roi / Orly / Ablon. D’ailleurs, tous s’accordent à le dire : celui qui a fait le succès de cette équipe, c’est Jean !

« Toutes les personnes que nous avons recrutées en tant que bénévoles au sein de cette équipe, avaient bien sûr les mêmes valeurs que l’Association mais aussi celles de Jean. Je dis toujours que chaque personne de cette équipe est fidèle à l’image de Jean. Il y a cette gentillesse et cette lumière qui se dégagent de chacun d’eux. Cette lumière, c’est la passion qu’on a pour les Petits Frères des Pauvres et l’aide qu’on apporte aux personnes âgées. », constate Marhnia, bénévole de l’équipe.

« Je ne suis pas forcément objective mais c’est vrai que Jean savait insuffler un certain état d’esprit. Il s’est toujours montré présent auprès des bénévoles et il était très à l’écoute. », ajoute sa femme.

« Jean était un homme d’une profonde gentillesse. Il était la force tranquille. Il était très investi au sein de l’Association et pour la cause des Petits Frères des Pauvres. C’était vraiment un bénévole exemplaire ! », souligne Julie Perrimond, Coordinatrice de développement social en soutien de cette équipe.

Un engagement sans faille et 24h/24 pour les Petits Frères des Pauvres qui forçait l’admiration de tous : « Il ne lâchait pas le téléphone de l’Association. C’était jour et nuit ! On peut dire que vraiment il respirait et vivait pour les Petits Frères des Pauvres ! », se souvient la bénévole.

D’ailleurs, après sa disparition brutale le 29 décembre 2020, tous ont été durablement atteint par son décès.

« Son décès a été très brutal pour nous. Il était le pilier de l’équipe mais on s’est tous dit que pour rendre hommage à cette équipe qu’il avait monté, on allait continuer à la faire vivre. Aujourd’hui, il nous accompagne dans tout ce que nous faisons car c’est lui qui avait commencé ces projets. Je suis sûre qu’il est fier de nous et de tous les membres de cette équipe qui sont vraiment engagés ! », sourit Marhnia.

 

Les timbres, une passion qui se transmet de génération en génération ! Dès tout petit, Luc Liberge voit sa maman enrichir sa propre collection de timbres et c’est ainsi qu’elle lui transmet sa passion pour la philatélie.

Plus tard, après la création de plusieurs entreprises, Luc devient directeur commercial dans une société d’équipement de chauffage pour l’industrie mais la passion du voyage et des timbres ne le quitte pas. Il voyage beaucoup et vit aussi plusieurs années à l’étranger.

Lorsqu’il prend sa retraite, il décide de se donner 3 années sans contrainte, passer du temps auprès de Monique, son épouse et profiter de ses enfants et petits-enfants. Il continue bien sûr d’enrichir la collection de timbres laissée par sa mère.

Un jour durant les années 2000, un voisin et bénévole des Petits Frères des Pauvres lui propose d’aider l’Association pour des travaux de bricolage. C’est là qu’il entend parler du pôle philatélie. L’information n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd… Il y devient immédiatement bénévole pour partager sa passion.

Il y anime alors durant plus de 20 ans avec enthousiasme, gentillesse, générosité et bonne humeur l’équipe des bénévoles du pôle Philatélie de notre Direction des Développement des Ressources.
Au sein de ce pôle, il participe à la recherche et à la valorisation des dons et accueille avec compétence et discrétion donateurs et testateurs. Ces collections sont ensuite revendues lors des ventes solidaires. Il a aussi suscité de nombreuses vocations de bénévoles !

Ce bénévolat fait aussi écho à sa vie professionnelle : il parcourt la France entière pour recueillir les collections de timbres que les donateurs et testateurs donnent à notre Association.

Un grand attachement pour son bénévolat et l'Association

« C’était un passionné, investi à 100 % dans sa mission, qui savait emmener son équipe ! », affirme Alain, l’un des bénévoles du pôle Philatélie.
Luc était aussi très apprécié par son équipe pour sa gentillesse, sa sociabilité… mais attention, il pouvait aussi se montrer têtu… « Très ouvert, charismatique, aimant à se rendre utile. Un grand homme. Et doté d’un caractère bien trempé ! » sourit Joël, bénévole de son équipe.

Avant tout, Luc éprouvait un grand attachement aux valeurs de notre Association et démontrait, par son engagement, tout son soutien à la cause des aînés isolés.

« 
Il appréciait l’ambiance amicale, fraternelle et chaleureuse qu’il trouvait au sein de l’équipe philatélie mais aussi avec les salariés et tous les bénévoles. C’était devenu une seconde famille pour lui », relatent ses enfants.

Après le décès de Monique qui l’avait toujours soutenu dans son action, Luc n’a pas hésité à redoubler d’énergie pour les Petits Frères des Pauvres. Il a continué son bénévolat coûte que coûte.

Très entouré par sa famille qu’il aimait tant, Luc s’est éteint à son domicile le 5 février 2021 à l’âge de 92 ans.